Faut-il parler à un terroriste ?

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Il y a un espace commun qui est construit par le dialogue. Il s’agit du lien du bien public. Il y a une communauté d’argumentation. Le dialogue s’oppose donc à la violence. Le dialogue a un rapport avec la vérité. On peut parvenir à la vérité par le langage. Concevoir le dialogue comme ce qui permet d’arriver à la vérité est typiquement platonicien. Le dialogue permet le dégagement d’un consensus. Le consensus, c’est ce qui est admis par tout homme rationnel.  On distingue  entre l’inter - subjectivité qui permet d’arriver à un consensus  et l’objectivité qui permet d’arriver à la vérité. La limite du dialogue, c’est le silence. Le dialogue renvoie à  quelque chose de plus que le simple échange, il y a des valeurs internes aux dialogues. Les objets du dialogue sont controversés. Ils naissent d’un différent mais à l’intérieur d’un espace commun de valeurs.

 

Il y a une limite au dialogue, c’est le fait de ne pas partager le même horizon de valeur. Il n’y a dialogue possible que lorsqu’il y a des divergences sur un fond commun. A partir du non – respect de certaines valeurs, il y a une impossibilité de dialogue (par exemple, l’écologie et la rationalité économique). Quand il y a des valeurs incommensurables, il n’y a pas de dialogue possible. Il faudrait accepter des prémisses de base  (selon lesquels l’industrie pollue par exemple)  pour qu’il y ait dialogue.


  http://www.monde-diplomatique.fr/2004/02/DERRIDA/11005


Le terroriste, c’est le silencieux, celui qui refuse le dialogue, celui qui se tait. Le silence, c’est la violence. Le terroriste fait du bruit, il ne parle pas. Il n’y a pas discours quand il parle, il n’y a que du bruit. Il est impossible de dialoguer avec un terroriste. Il ne partage pas du tout le même horizon de valeur que nous. Il n’y a aucun fond commun de divergence. Parler à un terroriste est inutile. Il est déterminé par une éthique de la conviction (Cf. Weber, Economie et société). Le consensus (ce type de vérité dialectique et dialogique) n’est pas son objectif.  D’un point de vue théorique, le terroriste pense détenir la vérité. D’un point de vue pratique, il s’agit d’un comportement régi par la rationalité en valeur : il faut qu’une valeur absolu soit respectée quelques soient les conséquences et les moyens. C’est la figure du fanatique. « Dieu seul s’occupe des conséquences », Télémaque, Fénelon.

 

Publié dans REMARQUES MELEES

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